J’étais content. J’avais publié un éditorial spécial pour le Paris Podcast Festival et donc j’avais l’intention de simplement vous le mentionner ici sans m’étendre davantage. Il est ici. Fin de la newsletter. À la prochaine.
Et puis l’enquête de Mediapart est sortie… (partie 1 | partie 2)
Pour la résumer : dans la lignée de l’article de Télérama paru l’été dernier, elle dépeint des conditions (de travail et de rémunération) déplorables de la part de plusieurs studios de podcasts parmi les plus emblématiques : Binge Audio, Louie Media, Nouvelles Écoutes, Paradiso et Slate.
On y lit avec effroi des témoignages, des situations, des échanges de la part de personnes qui collaborent avec ces studios (en tant que salarié ou non). On y lit des réponses un peu bancales de la part des responsables. En définitive quand on prend de la hauteur on y voit les errances d’une industrie immature qui ne fait pas les choses dans l’ordre, trop pressée d’aller pêcher du gros poisson avant qu’il ne parte au large (ou chez la concurrence). En parallèle, on lance quand même de gros filets à la mer en espérant remonter du menu fretin : les auditeurs, dont absolument personne ne semble se soucier à mesure que les choses avancent. Actuellement les auditeurs ne servent qu’à appuyer sur « play » et à payer quand c’est possible : à player. Mais c’est un autre combat et on s’éloigne du sujet.
Toute remarquable qu’elle est, l’enquête de Mediapart ne peut échapper à une critique inhérente à son angle. En relatant des faits issus de cinq studios, elle passe sous silence tous les autres : des studios de même taille ou plus petits, dans lesquels les conditions sont peut-être tout aussi déplorables, ou alors à l’inverse où tout se passe bien et dans le respect. On n’en saura rien. Alors mon seul conseil serait, pour les lecteurs de l’enquête, d’éviter deux dérives :
- généraliser (« voilà pourquoi tous les studios de podcast sont des pourris ! pendons-les ! »)
- cibler (« voilà les cinq studios qui font honte au Podcast ! tous les autres sont mieux heureusement ! »)
J’aurais pu m’arrêter sur ce conseil de prise de recul quant à l’image ternie des studios de podcast mais le pompon dans tout cela nous est venu — surprise — du Ministère de la Culture. Rappelez-vous, cette annonce d’une enveloppe de 500 000 euros pour soutenir la création, à raison d’une subvention de 3 000 à 5 000 € pour chaque projet sélectionné. Ce qui fait 100 à 150 projets lauréats… sur plus de 1200 dossiers reçus (la date limite de dépôt était le 30 septembre). Et selon plusieurs sources : personne en charge de la sélection, qui doit être annoncée fin octobre (c’est bientôt !). La solution trouvée pour résoudre cette équation : faire appel à des professionnels de l’audio (environ 300) pour effectuer le tri et défendre les dossiers. La rémunération de ces personnes ? Zéro ! Un travail bénévole donc, que relate le site Actualitté. Avec même de possibles conflits d’intérêt, certains experts ayant peut-être également déposé un dossier.
Alors, si même le ministère participe au far west, ce dernier a encore de beaux jours devant lui malheureusement…
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