Cet article est un éditorial extrait de la newsletter Podmust. Il a été enrichi (et pourra continuer de l’être) avec les retours et commentaires des abonnés, signalés par un surlignage.
Bienvenue dans l’ère de la consolidation (des flux RSS). Cet article de Bloomberg pointe une tendance qui n’est pas nouvelle mais qui progresse : le recyclage du flux RSS de podcast pour capitaliser sur son audience.
- Avez-vous déjà constaté dans votre application l’apparition d’un podcast auquel vous ne vous êtes jamais abonné ? C’est probablement le recyclage d’un ancien podcast que vous suiviez. Changement de nom, changement de vignette, on dégage ou non les anciens épisodes et hop : un podcast flambant neuf dans les applis, en toute discrétion.
- Avec la multitude de podcasts disponibles désormais, pour faire émerger sa nouvelle création il devient tentant de réutiliser un flux existant pour démarrer avec une première audience (plus ou moins petite) plutôt que de repartir de zéro avec un nouveau flux.
- La méthode la plus populaire actuellement est de rassembler différentes créations (de quelques épisodes chacune) sous un même flux, de manière chronologique : chaque création devient une saison d’un podcast unique. Et les saisons n’ont pas forcément de lien entre elles.
- Encore une fois, rappelons que ce n’est pas nouveau. L’un des exemples les plus notables est Ou peut-être une nuit de Louie Media : ce n’est pas un podcast, mais la saison 2 du podcast Injustices.
Continuons la réflexion sur cette tendance de la consolidation, qui n’est pas sans enjeux techniques ou économiques (comme souvent) :
- Il pourrait y avoir de sérieuses conséquences sur le référencement des podcasts, si un flux RSS se met à changer régulièrement de nom ou d’adresse. Prenons l’exemple d’un podcast Mon analyse des Jeux Olympiques 2024 avec un flux à l’adresse hebergeur.com/analyse-jeux-olympiques et qui décide de recycler deux ans plus tard avec Mon suivi de la Coupe du Monde 2026. Capitaliser sur une audience de fans de sports : OK. Mais il faut pouvoir changer l’adresse du flux (pour le référencement ou simplement la cohérence : hebergeur.com/suivi-coupe-du-monde) et gérer les bonnes redirections. Mieux vaut dès le début prévoir un podcast avec un nom et une adresse générique (qui ne bougeront pas) et anticiper des saisons thématiques.
- Du côté hébergeurs justement, il faut pouvoir offrir les outils permettant une bonne organisation d’un podcast avec saisons, et la possibilité de changer son nom et surtout son url en gérant la redirection. En outre, les hébergeurs ayant un modèle économique basé sur le nombre de flux (plus on a de podcasts, plus on paie) risquent d’être pénalisés par la tendance de la consolidation.
- D’ailleurs un flux pourrait devenir lui-même hébergeur, en accueillant et diffusant des contenus de tiers. On peut imaginer un podcast hébergeant d’autres podcasts (et parmi lesquels peuvent se trouver des podcasts de marques) qui n’ont pas envie de créer leur propre flux et partir de zéro.
- Cela implique de renforcer le système de playlists que certains hébergeurs proposent déjà, avec encore plus de possibilités de personnalisation.
- Et puis on imagine très bien un marché secondaire où l’on peut acheter le flux RSS d’anciens podcasts populaires afin d’en récupérer l’audience, comme cela existe pour les comptes Instagram, TikTok, Twitter, etc.
Mais la consolidation pourrait avoir des effets bien plus pervers : sur les annuaires, les milliers d’articles et de listes « Notre sélection de X podcasts sur [un thème] » ou même les millions d’articles présentant un seul podcast… podcast qui ne serait plus le bon (parce qu’il a changé ! ah ah).
Égoïstement j’ai bien sûr pensé à Podmust en ayant des sueurs froides. Et après quelques minutes, j’ai réalisé qu’un projet comme celui-ci, ancré dans l’actualité avec un nombre de podcasts réduit et quotidiennement surveillé, allait s’en trouver renforcé. Qui repassera derrière les millions d’articles du web pour les mettre à jour et supprimer les liens morts ? Pas moi. Mais sur Podmust, c’est un principe.
En résumé, la course à la quantité est bel et bien en train de s’arrêter. Et à la multiplication des flux, il est temps de réfléchir à leur pérennité, leur durabilité.
Go with the flow, go with the flux.
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