Les articles sont édifiants, le contenu audio l’est tout autant. C’est une chose de lire les reportages effectués par StreetPress ou Mediapart (réservé aux abonnés), de parcourir les captures d’écran de certains groupes Facebook, c’en est une autre d’écouter ces propos tenus dans un groupe WhatsApp privé. Des propos haineux interdits par la loi et tenus par des policiers, stagiaires ou titulaires. Un premier article à ce sujet avait été publié par la presse locale Paris Normandie et 76actu en janvier 2020.
Gardiens de la paix est un reportage audio d’Ilham Maad enregistré à la suite de ces articles, en février 2020. Il a été publié en juin sur ARTE Radio, en pleine actualité consacrée au décès de George Floyd aux Etats-Unis et son écho en France avec l’affaire Adama Traoré. Il s’agit de l’histoire d’Alex, policier titulaire depuis plus de 20 ans, membre d’une unité d’escorte à Rouen (à l’époque). Alex découvre un jour, en regardant l’écran du smartphone d’un collègue, l’existence d’un groupe WhatsApp dans lequel son prénom est cité.
Ce qu’il va découvrir est édifiant : des propos racistes, antisémites, sexistes… exprimés sans gêne ni réelle retenue par des membres des forces de l’ordre (FDO) dont certains se revendiquent ouvertement comme suprémacistes blancs.
Alex, lui, est noir. Ce jour-là, il va passer six heures à « écumer » les contenus du groupe WhatsApp et notamment les messages audio, réunis dans le reportage Gardiens de la paix. Une écoute édifiante, effroyable, mais aussi nécessaire pour découvrir un autre aspect des violences policières.
Difficile de faire le tri dans les extraits qui s’enchaînent, chacun franchissant parfois un palier supplémentaire par rapport au précédent.
Alex dépose plainte contre six de ses collègues et déclenche une enquête interne qui est toujours en cours. Après son audition, la hiérarchie décide de le muter dans une autre unité.
La police en France n’est pas raciste. Elle souffre de ces comportements qui ne correspondent en rien aux valeurs républicaines qu’elle défend.
Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale (DGPN). Source : Le Parisien
Quant à la procédure judiciaire, il semble que l’enquête menée conjointement par Mediapart et ARTE Radio ait accéléré les événements, même si les auteurs des propos revendiquent avoir effacé une grande partie des contenus passibles de sanctions.